Spécialiste de la tapisserie d’ameublement, Stefano maîtrise aussi bien les techniques modernes que traditionnelles pour rénover tous types d’assises : chaises, fauteuils, canapés… Il propose des rembourrages en mousse ou en crin, ainsi qu’un large choix de tissus pouvant s’adapter à différents styles et budgets.
Stefano est un membre actif des associations Nouveaux Ateliers du Dorlay et Métiers d’Art du Pilat, et expose régulièrement lors de marchés et d’événements locaux sous son nom de scène Strega Tapisserie, un clin d’œil à ses origines italiennes.
Ponctuellement, Stefano propose des stages ouverts au grand public afin de s’initier à la réfection de sièges dans son atelier de Doizieux. Il intervient également comme formateur en tapisserie aux Ateliers et Conservatoire des Meilleurs Ouvriers de France de Saint-Étienne.
Peux-tu nous parler de ton parcours ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir tapissier ?
Je pense que ça a commencé quand j’étais ado, à Rome : il y avait beaucoup d’ateliers de fabrication dans mon quartier, des menuisiers surtout, mais aussi des tapissiers. Avec les copains on aimait s’y promener, regarder les vitrines, discuter avec les artisans… Ensuite je me suis orienté dans une carrière qui n’avait rien à voir, j’ai été juriste pour des associations qui défendent les droits des étrangers et des réfugiés. C’était en région parisienne et lorsqu’on a décidé de déménager à la campagne, je me suis dit que je n’avais pas envie de continuer dans la même voie, qui m’aurait obligée à travailler en ville. J’ai commencé à prendre des cours du soir en maroquinerie. Un jour, j’ai trouvé un fauteuil dans la rue que j’ai voulu rénover. Il y avait une tapissière qui travaillait à la ressourcerie de Montreuil et qui a pu me guider dans les étapes. J’ai beaucoup aimé cette expérience, et du coup j’ai décidé de me reconvertir.
Comment t’es-tu formé ?
J’ai fait un CAP en 2018 : j’ai pu obtenir des aides de Pôle Emploi et du conseil régional pour financer ma formation car la profession de tapissier est un métier en tension. J’ai fait mon stage de fin d’études à la ressourcerie de Montreuil, et ensuite ils m’ont embauché pendant 2 ans pour réparer et rénover des sièges.
Pourquoi as-tu décidé de t’installer à Doizieux ?
Ma compagne a grandi à Saint-Etienne et tous les deux on aimait bien le Pilat, on s’y rendait souvent et on envisageait de s’y installer. On s’était abonnés au magazine la Pie du Pilat, qu’on recevait à Aubervilliers. Un jour on est tombé sur une interview de Didier Lazzareschi [chargé de mission éco-développement au parc naturel régional du Pilat] qui parlait du lancement de l’association des Nouveaux Ateliers du Dorlay. Je l’ai tout de suite appelé pour prendre rendez-vous et je suis descendu à Doizieux pour visiter les projets d’ateliers dans l’ancienne usine de moulinage. A l’époque, les travaux venaient de commencer mais j’ai réservé un atelier sans hésiter. C’était en novembre 2019 et 8 mois plus tard, on emménageait à Doizieux avec ma compagne et mon fils. J’ai immédiatement démarré mon activité de tapissier avec le Grand marché local, estival et pas banal ! de Pélussin. J’avais préparé des chaises en amont à Aubervilliers, pour les exposer, et dès le lendemain du marché, j’ai reçu un appel de mon premier client.
En quoi l’association des Nouveaux Ateliers du Dorlay et le tiers-lieu La Turbine Créative t’ont-ils aidé dans ton activité ?
Bien sûr il y a la location de l’atelier, grâce à laquelle j’ai pu exercer mon métier dès mon arrivée dans la région. Il y a aussi les événements organisés par l’association et la Turbine Créative, qui m’ont rapidement apporté de la visibilité : l’inauguration des ateliers de Doizieux, les journées européennes du patrimoine et celles des métiers d’art, l’évènement De la route au salon organisé en 2022 dans le cadre de la Biennale du design de Saint-Étienne… A chaque fois il y a une dynamique collective qui est très porteuse.
Je suis aussi accompagné par Emmanuelle Gaide, de la Turbine Créative, qui me fait bénéficier de son expérience d’ancienne modiste et cheffe d’entreprise. Comme je dis souvent, avec ma reconversion “je me suis mis au beau”. Et ça, ça suppose de développer son sens artistique, d’apprendre à appréhender les tissus, les jeux de couleurs, d’imprimés, de matière…
J’ai également suivi la formation Photo Studio, organisée par la Turbine Créative, qui a été prise en charge par le FAFCEA et qui m’a été très utile pour apprendre à photographier et mettre en valeur mon travail. Aujourd’hui j’aimerais bien me former à l’utilisation de la brodeuse numérique pour pouvoir proposer des personnalisations à mes clients.Enfin la Turbine Créative m’a permis de rejoindre un réseau d’artisans et de trouver des projets communs. On propose par exemple des rénovations de sièges avec Agnès Gay, de l’atelier Encre Patine, qui fait un très beau travail de patine sur le bois. Et j’aime beaucoup utiliser les tissus de Catherine Mettetal, une designer textile drômoise qui propose des tissus éthiques et fabriqués en France.